dimanche 1 avril 2018

Alexandre Bissonnette où les chemins de l'oubli


Débat intéressant dans Le Devoir de ce 31 mars 2018, au lendemain des aveux de culpabilité d'Alexandre Bissonnette, auteur tristement célèbre de l'attentat de la Mosquée de Québec, le 29 janvier 2017. Voir : « La peine de mort à petit feu ».

Celui-ci porte sur la nature perpétuelle de la sentence qui sera imposée à Bissonnette et qui sera discutée en Cours le 10 avril 2018. Ce que l'on comprend, c'est qu'il pourrait se voir imposer une sentence allant jusqu'à 150 ans de prison. L'article du Devoir rapporte que certains sont d'avis – notamment le réputé criminaliste Jean-Claude Hébert – que cette façon de cumuler les peines de prison serait inconstitutionnelle. Pour d'autres - Walid Hijazi, criminaliste : « Est-ce qu’éliminer la possibilité de réhabilitation, un principe de justice fondamental, dans tous les cas constituerait une peine cruelle et inusitée? » L'idée sous-jacente, c'est que la perte totale d'espoir chez un individu peut le mener à tous les excès. Par exemple : Bissonnette pourrait assassiner de nouveau en prison par simple plaisir, sachant que de toute façon, il ne retrouvera jamais ne serait-ce qu'un semblant de liberté.

Ce que l'on sait, c'est que Bissonnette a été reconnu apte à subir son procès. On sait aussi qu'au moment de se déclarer coupable, le juge a redemandé une nouvelle expertise psychiatrique. Il voulait s'assurer que l'accusé était parfaitement sain d'esprit et apte à comprendre le sens et la portée de sa décision. Ce qui fut fait avec la confirmation qu'il était apte à prendre la décision qu'il envisageaitC'est ainsi que Bissonnette s'est déclaré coupable à tous les chefs d'accusation qui pesaient contre lui.

À mon sens, Alexandre Bissonnette mérite chacune des 150 années de pénitencier de son éventuelle condamnation. Sentence exemplaire qui ne rencontrera jamais son aboutissement, elle permet à la société et surtout aux concernés d'entrer dans le long processus d'oubli qui ne se terminera jamais. Cette sentence permet surtout – même si le cas Turcot nous enseigne le contraire – de réduire au silence Bissonnette en l'envoyant là où il se destinait, dans les limbes de l'histoire.

Non, je ne pardonne pas même si je n'ai pas à le faire, du moins directement. On pourra dire ce que l'on veut, Bissonnette par son geste cruel et prémédité, a empoissonné à l'extrême, la vie de centaines de personnes, aujourd'hui et pour leur éternité. Alors, son pardon et sa réhabilitation, désolé, mais qu'il reste là où sa cellule sera, jusqu'à son dernier souffle. Pourquoi donnerait-on à cet individu de l'espoir? Il peut se réhabiliter, s'excuser, ce qu'il voudra, mais à l'intérieur des murs de sa prison, pour toujours.

Alexandre Bissonnette souffrait de maladie mentale … qui aurait causé le drame que l'on connaît. Mais les psychiatres l'ont déclaré apte à subir son procès. Alors qui croire et que comprendre, c'est l'un ou c'est l'autre? C'est comme dans le cas de Guy Turcotte : laissez libre cours à ses pulsions pour ensuite les justifier sous l'angle du mal de vivre en société, en espérant que la justice serait mollasse comme elle le démontre souvent. Pourtant, dans les deux cas, dans la planification et l'exécution du crime, les résultats étaient à la hauteur des anticipations. C'est cru comme analyse, mais la conséquence pénale doit être à la hauteur.

La réhabilitation et le pardon sont des piliers de notre système de justice et d'internement. Nous ne pouvons qu'être d'accord. Mais pourvu que la sentence soit à la hauteur de la faute commise. Mais trop souvent et les exemples se multiplient à l'infini, les sentences bonbons et les libérations conditionnelles sans justification sérieuse, sont légions dans notre système de justice. Pensons de nouveau à Guy Turcotte ou à l'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt. Pensons aux conséquences de l'arrêt Jordan.

La justice ne doit pas être vengeresse. Tout le monde s'entend sur ce principe. Mais dans le cas d'Alexandre Bissonnette, pour avoir cruellement « scrabé » à jamais des dizaines et des dizaines de vies, y incluant celles de ses propres parents et de sa famille, il faut l'enfermer et jeter tout simplement la clé, afin qu'il tombe dans l'oubli le plus total. C'est un devoir de civilisation d'une justice qui sans servir les victimes, les aides à poursuivre leur vie.

Jocelyn Daneaujocelyndaneau@gmail.com

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