lundi 19 mars 2018

Martine Ouellet, le vote de la dernière chance


La cheffe du Bloc Québécois a décidé de soumettre son leadership à un vote de confiance auprès des membres de ce parti politique, selon la règle du 50% + 1.

Plusieurs sont d'opinions qu'elle met la barre très basse. Personnellement, je pense qu'elle a raison. Ce vote pourrait se faire sur sa personnalité, avec toutes les dérives que cela comporte dans le joyeux monde des réseaux sociaux et de l'étalage public d'un mouvement indépendantiste au paroxysme de son mode opératoire chicanier. En ce sens, Martine Ouellet est en droit de se prévaloir comme au golf, d'un handicap.

Mais le débat est ailleurs. C'est dans ce vote que se jouera (peut-être) le dernier chapitre de l'agonie du mouvement indépendantiste au Québec.

Au-delà de la personnalité de Martine Ouellet, ce sont 2 visions de l'action du BQ qui s'affrontent quand l'une de celles-ci n'en est pas une.

Vision 1 : « Le Bloc québécois est un parti indépendantiste qui est la seule option permettant à la nation québécoise de s'épanouir pleinement. » C'est l'article 1 de son programme.

Vision 2 : Le BQ défend les intérêts du Québec à Ottawa. On pourrait rajouter pour faire bonne bouche : « … dans le contexte de la promotion de l'indépendance du Québec ».

En fait, pour défendre les intérêts du Québec à Ottawa, il n'y a pas réellement de différence entre un député du BQ et un Libéral qui est au gouvernement ou une Ruth-Ellen Brosseau du NPD. Il n'y a aucun avantage d'avoir des députés bloquistes à Ottawa pour jouer le jeu du fédéralisme canadien, 364 jours par année (si bien entendu, vous êtes indépendantiste).

En fait, la seule vision valable pour un mouvement indépendantiste qui s'assume en pleine lumière, c'est là numéro 1. Le reste, c'est de la tergiversation d'un mouvement essoufflé et vieillissant incapable de se redéfinir, qui cherche à s'accrocher à ce lui reste de rêve, quand la majorité de la population est rendue ailleurs.

En ce sens, si le mouvement indépendantiste fait porter ce vote de confiance sur la personnalité de Martine Ouellet, il décrédibilisera une fois de plus son option, peu importe le résultat de celui-ci.

Considérant que Martine Ouellet est la seule de tous les leaders indépendantistes au Québec qui assume réellement, franchement et dans la durée son indépendantisme, ce vote de confiance portera essentiellement sur l'article 1 du programme du Bloc, peu importe comment sera triturée la question.

Voter contre Martine Ouellet qui a récemment été élue démocratiquement cheffe du BQ, c'est voter contre l'article 1 du BQ.

En fait, il devrait y avoir 2 votes. Le premier pour revisiter l'article 1 dans le contexte où les députés du Bloc deviennent, dans l'hypothèse d'une reconduction, totalement guidés par cet objectif. Autrement dit, de bons députés nationalistes pseudo-indépendantistes sont inutiles à Ottawa. C'est comme en mécanique automobile : aussi bien commander des pièces d'origine c.-à-d. avoir par exemple, un député au pouvoir.

Le second vote – quelques semaines après le premier : un vrai vote de confiance qui porterait uniquement sur la capacité de madame Ouellet à mettre en œuvre cet article 1; en espérant que le tout ne vire pas à la crucifixion d'une personnalité dont les défauts s'étalent facilement sur la place publique, contrairement aux individus à dominante hypocrite ou narcissique, qui peuvent plus facilement se dissimuler.

« Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu'il a la rage », un classique en matière de proverbe. Le vrai problème, c'est d'avoir dénaturé depuis plusieurs années à des fins électoralistes et de maintien des privilèges, l'idée de l'indépendance du Québec. Tant et si bien que celle-ci a perdu de sa crédibilité auprès des citoyens et des citoyennes. En ce sens, montrer la porte à Martine Ouellet ne fera que réduire encore plus, la viabilité de l'idée d'indépendance du Québec.

En ce sens, je dis aux indépendantistes du Québec : soyez prudents quant aux prochains gestes que vous poserez. Il y a des trappes qui s'ouvrent subitement, sans avertissement, et c'est la fin.

Jocelyn Daneaujocelyndaneau@gmail.com

Suggestion de lecture : Et si Martine Ouellet avait raison? Jocelyn Daneau, Huffington Post Québec, 9 mars 2018

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