samedi 6 janvier 2018

Un 1er janvier à l'urgence, fallait être « malade »


C'est comme une crevaison, ce n'est jamais le temps. On n'a jamais le temps non plus d'être malade. On n’a surtout pas le temps et ce n'est jamais le temps d'aller à une urgence d'hôpital, surtout pas au Québec en 2017, surtout pas sur la Rive-Sud éloignée, surtout pas à l'ère de Gaétan Barette et encore moins un 1e janvier. C'est pourtant ce que nous avons fait au Jour de l'an. Il fallait être « malade » pour le faire.

En fait, on a pris une chance. Arrivée vers 10 h. quasiment par hasard en cherchant une pharmacie ouverte, il n'y avait qu'une personne dans la salle d'attente. Miracle pensions-nous. On s'est inscrit en pensant naïvement l'affaire « Ketchup » et réglée pour midi. C'était sans compter sur un des miracles de la vie, la cavalerie de poupons et de boutchoux morvants et braillants qui a débarqué à partir de 10 h 15. À midi, la salle d'attente était « full » au bouchon. Notre espérance d'un macdo-biotique venait de s'effronder, nous sommes finalement sortis de l'urgence à 17 h. De toute façon, compte tenu du cas en cause, on aurait fini à l'urgence.

Il n'y avait qu'un médecin, une dame, début quarantaine. D'une grande gentillesse, qui n'avait manifestement pas une seconde à perdre. Alors, les préliminaires ont été assez courts et mécaniques, comme le reste d'ailleurs. On ne peut pas lui en vouloir. La journée pour elle, c'était un autre Ironman au pays des microbes et autres bibittes qui pullulent dans nos hôpitaux; avec les risques d'erreur médicale que cela comporte pour tous.

Est-il logique de n'avoir qu'un seul médecin en fonction dans une urgence d'hôpital un 1er janvier en pleine saison de grippe? Autrement dit, est-il normal de n'offrir qu'un service minimaliste? La question s'entend ici à son sens quantitatif; cependant, avec le passage du temps, elle devient qualitative. Manifestement, la dame médecin qui nous a rencontrés à 17 h. commençait à avoir son (c…) voyage, probablement à la course depuis le matin, sans avoir pris par exemple, un 15 minutes pour elle, ne serait-ce que pour aller manger calmement ou disons-le, aller aux toilettes en paix.

C'était sans compter sur l'impatience grandissante des gens dans la salle d'attente qui constataient que manifestement, ça n'avançait pas et qui se demandait, au travers les pleurs des enfants, ce qui se passait. Finalement, la dame à l'accueil s'est fait engueuler par un homme qui n'en pouvait plus de supporter son vieux père en attente depuis le matin. Voyez le genre, personne n'est coupable, mais tout le monde en cherche.

Ce qui fait que plusieurs ont quitté sans voir le médecin, ayant compris que la salle d'attente était finalement, une salle d'écoeurement dont le seul but, est de faire un ultime triage. Dehors les faux malades.

La responsabilité du citoyen, c'est de payer ses taxes et ses impôts. Celle de l'État, c'est de fournir une prestation de service, dans les missions que les citoyens lui ont confiées, suite souvent à des promesses électorales. Cela fait cliché, mais manifestement, ce que j'ai vu le 1er janvier et qui était probablement la norme de par le Québec entier, l'État n'est pas à la hauteur.

Qui est le responsable? Uniquement nous les citoyens. Nous qui laissons ce système de santé aux mains des politiciens, même s'ils sont médecins, depuis trop d'années, pour finalement le retrouver centralisé aux mains d'un seul individu, Gaétan Barette. Sans vouloir faire de mauvaises comparaisons, le système de santé est devenu trop gros, trop centralisé, trop suffisant. Il faut le ramener à une dimension plus humaine.

Cela peut paraître simple et simpliste. Mais ce n'est pas une autre réorganisation avec des kaizen japonais qu'il faut envisager. C'est de simplement en revoir le système de valeurs pour y remettre en son centre, l'humanisme selon sa définition historique : « Philosophie qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. » (Source : Larousse) Bref, il faut adapter le système de santé aux Hommes et non pas l'inverse comme nous le faisons depuis trop longtemps au Québec.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

Suggestion de lecture : Il y a urgence en santé - Le premier ministre a la responsabilité d’agir en respectant les valeurs de la population qu’il représente (Le Devoir, 3 janvier 2018)

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Alexandre Bissonnette - Qu'on passe à autre chose

Encore ce matin dans les médias, on nous sert du Alexandre Bissonnette.  V ous savez, le jeune tueur menteur et narci...