samedi 27 janvier 2018

Minuit moins 2 est-ce sérieux?

Depuis 1947, un groupe de scientifiques issus à l'origine de l'Université de Chicago et comprenant en 2018, une quinzaine de prix Nobel, publient ce qu'ils appellent, l'horloge de l'Apocalypse (Doomsday Clock). Cette année, en regard de différents événements, l'horloge a été fixée à minuit moins 2. Le tout pour traduire une année 2017 marquée notamment par l'excitation nucléaire tant de Donald Trump que de celle de Kim Jong-Un dont on se demande lequel des deux est le plus taré, du moins en apparence.

Est-ce que le travail de comité véhiculé par The Bulletin of the Atomic Scientists est sérieux? Il n'y a aucune raison d'en douter, la jeune millionnaire Éliane Gamache Latourelle n'en fait pas partie. Plus sérieusement, nous ne pouvons qu'être d'accord, au regard de l'actualité et sans égard aux conclusions alarmistes des membres de ce comité, quand ils écrivent que : « L'échec des principaux dirigeants mondiaux à considérer les grands enjeux de l'humanité dans leur action politique est lamentable. Cependant, ces lacunes peuvent être renversées. » Traduction libre de :  « The failure of world leaders to address the largest threats to humanity’s future is lamentable—but that failure can be reversed. »

Si le ton alarmiste du « Board » en question est sérieux quant à la probabilité élevée de fin du monde, comparable à celle de 1953 de la Guerre froide, doit-on les croire?

Personnellement, peut-être parce que j'aime mieux me mettre la tête dans le sable, ma réponse en sera une en nuance.

Oui, j'adhère aux conclusions du document concernant les risques liés aux aspects environnementaux, à la poudrière du Moyen-Orient, aux excès du terrorisme aveugle, aux conséquences néfastes et encore inconnues des inégalités de revenu, à la perte de contrôle sur le développement technologique notamment au niveau biologique, etc.

Non, je ne crois pas au déclenchement d'une guerre nucléaire ou même à l'utilisation restreinte d'armes de ce type sur un territoire ciblé. Les conséquences seraient trop extrêmes pour l'ensemble de la population mondiale, y compris les dirigeants eux-mêmes, ne serait-ce simplement parce que le vent n'a pas de frontière pour transporter des éléments radio-actifs.

Je sais, il y a eu les expériences de l'atoll des Bikini en 1946, les accidents de Tchernobyl, de Fukushima ou de Three Miles Islandes, vous me direz que nous n'en sommes pas morts à respirer de l'air radio-actif. Exact, mais dans tous ces cas, il n'y a avait pas de danger de riposte et donc d'escalade. Ce qui ne serait pas le cas présentement, considérant le caractère intempestif de certains des acteurs en place. C'est ce qui fait peur aux gens qui ont fixé les 2 minutes avant minuit.

Pour ma part, je suis de ceux qui peut-être naïvement, croient que les États-Unis encadrent présentement et comme jamais, la capacité de Donald Trump à déclencher le feu nucléaire. Les tweets et tout le reste, ce sont des bébelles pour lui permettre de « lâcher de la pression ».

À l'autre extrémité, en Corée du Nord, ce n'est à mon avis que de la rhétorique d'un régime au bord de l'effondrement pour se maintenir au pouvoir. Le tout entretenu par la Chine et la Russie pour obliger les États-Unis à investir de plus en plus dans sa défense et ainsi, affaiblir ses finances publiques et donc ses capacités comme État.

C'est cette stratégie que Ben Laden a utilisée le 11 septembre 2001 pour affaiblir les États-Unis en l'obligeant à diriger ses ressources vers le domaine militaire. C'est ce que les Américains ont fait aux Soviétiques pendant la Guerre froide, les forçant à dépenser de plus en plus de fonds publics dans leur complexe militaro-industriel et ainsi, à négliger le reste. C'est ce que les Russes ont fait à Napoléon pendant la campagne de Russie en le forçant à étirer ses lignes d'approvisionnement jusqu'à la rupture et le retour en déroute de l'Empereur; ce qu'ils ont refait comme coup aux Allemands lors de l'invasion de l'URSS en juin 1941 sur le front de l'Est dans le cadre de l'Opération Barbarossa.

Conclusion : Certe il y a danger de fin du monde en ce début de 2018, il ne faut pas naïvement l'ignorer. Mais comme dans la théorie du Cygne noir de Nassim Nicholas Taleb, le danger pourrait venir aussi d'ailleurs, immense et sans avertissement.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com
Blogueur sur le Huffington Post Québec : http://quebec.huffingtonpost.ca/author/jocelyn-daneau/


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