mercredi 13 décembre 2017

La péréquation : se garder une petite gène

Il y avait ces derniers jours, rencontre des ministres des Finances du Canada. On s'en doute, ils ont sûrement parlé de finance publique et d'économie. Mais on le sait aussi maintenant, ils ont beaucoup parlé, salivé le terme serait peut-être plus exact, sur la répartition du pactole annoncé relativement à la légalisation du commerce de la « dope », lequel devrait débuter en juillet 2018. Ils ont intérêt à être prêts parce qu'il semble que la chaîne d'approvisionnement privée est en feu et prête à opérer à pleine vapeur, c'est du moins l'impression que l'on a, à consulter les médias. À ce titre, j'ai bien peur que les institutions publiques, du moins dans les premiers mois, aient de la difficulté à suivre. Ceci étant, le but de mon propos, ce n'est pas le cannabis, mais une autre sorte de bonheur artificiel abordé lors de cette rencontre : la péréquation.

Les faits : En 2018-2019, le Québec se verra transférer 11,7 milliards de dollars en péréquation de ses partenaires canadiens c.-à-d. les provinces les plus riches.

Ce qui a fait dire à Brad Wall premier ministre de la Saketchewan qu'en cette période où les prix du pétrole et autres matières premières sont en retrait, que sa province contribue pour 580 millions de $ à l'enrichissement des Québécois et des Québécoises, notamment en baisses d'impôt direct. Ce qui a fait dire à l'ineffable Luc Lavoie de TVA que le Canada, c'est payant. Ce qui a fait répliquer Option nationale avec un argumentaire tout aussi dogmatique et idéologique que les automatismes de Luc Lavoie et de Brad Wall. Qui a raison, qui a tort? Cela va demeurer encore longtemps un mystère, tant depuis 50 ans, chaque argument fédéraliste appelle immédiatement son contraire indépendantiste et inversement. On n'en sort pas. On n'en sortira jamais. D'ailleurs, un bel exemple, le Brexit est en train de s'effouarer et on cherche à « débrexiter » l'affaire. Par ailleurs, j'ai bien hâte dans quelques jours, le 21 décembre 2017, pour voir les résultats de l'élection en Catalogne et la performance de mes amis indépendantistes.

Cliquer pour agrandir

Revenons à la péréquation et au 11,7 milliards de $ pour vous dire une seule chose : je suis gêné. Je me « tape » de savoir qui a raison ou qui à tort, mais j'ai toujours l'impression que nous au Québec, nous recevons la charité du ROC (Rest of Canada). Nous avons des taux d'imposition au Québec parmi les plus élevés au Canada, nous sommes parmi les provinces canadiennes les plus endettées et en plus, nous recevons de la péréquation. Il y a quelque chose qui cloche au sein de la nation du Québec.

On fera la comptabilité que l'on voudra, selon l'idéologie que l'on voudra, avec les artifices de calcul que l'on voudra, le résultat en bout de piste est toujours le même depuis trop longtemps, on nous transfère de l'argent pour maintenir au Québec, notre niveau de vie.

Est-ce que l'indépendance du Québec est le remède à tous nos maux comme se plaisent à nous le répéter les tenants de cette option depuis plusieurs années? Peut-être sur certains points, je ne dis pas non et effectivement, le Québec comme pays serait économiquement viable. Ce débat est clos depuis plusieurs années. Ceci étant, je pense à l'expérience actuelle du Brexit et j'ai des doutes. Je pense surtout à la dette colossale du gouvernement canadien de 647 milliards de dollars et à celle du Québec de 276 milliards. Si on additionne les 2 dettes, compte tenu du poids démographique du Québec, notre part totale tournerait autour de 424 milliards de dollars.

Pour faire une histoire courte, que je demeure Canadien, que je devienne seulement Québécois ou une espèce d'hybride apatride dans mon propre pays, une chose est certaine, je vais mourir en tant que citoyen endetté. Mais on le sait, un coffre-fort, ça ne suit pas un corbillard et je n'emmènerai pas ma gène avec moi, qu'elle soit réelle ou non. Je peux donc dormir en paix.

PS. Je comprends Brad Wall d'avoir le feu au passage, surtout après le récent cadeau d'impôt de Libéraux de P. Couillard. Peu importe la rigueur de l'argumentaire sur la structure des flux monétaires menant aux résultats de la péréquation, c'est l'impression qui compte.


Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Alexandre Bissonnette - Qu'on passe à autre chose

Encore ce matin dans les médias, on nous sert du Alexandre Bissonnette.  V ous savez, le jeune tueur menteur et narci...