dimanche 17 décembre 2017

La générosité au Québec : est-ce l'une de nos forces?

Est-ce que les Québécois et les Québécoises sont des gens généreux? Instinctivement, surtout si vous êtes un politicien en campagne électorale en vue des élections du 1er octobre 2018, vous allez répondre un gros OUI suave.

Perdons nos illusions immédiatement, c'est tout le contraire et pire, du moins en ce qui a trait à la générosité monétaire, nous sommes parmi les cancres de la classe tant dans l'ensemble canadien que par comparaison avec les 50 états de nos voisins du Sud. C'est ce que révèle l'Institut Fraser* après avoir analysé différentes sources de données, notamment nos rapports d'impôt fédéraux pour 2015 et l'annexe 9, de la ligne 340 (et 343) : Dons de bienfaisance admissibles.

Comme l'indique le tableau ci-après, sur 10 provinces et 3 territoires, au Québec, nous sommes les citoyens parmi, sinon les moins généreux au Canada. Par exemple, en termes de Don annuel moyen, nous donnons 747 $ et les Albertains : 2 581 $ (note : estimation sur la base notamment, des contribuables qui réclament des déductions d'impôt au titre des Dons de bienfaisance admissibles).

Si nous nous comparons aux États-Unis, le Québec fait figure de parent pauvre comparé au 13 231 $ USD de don moyen, pour les citoyens du Wyoming (qui réclame des déductions fiscales). À ce titre, le Québec figure du 64e rang sur 64 entités (États et provinces).

Finalement, l'Institut Fraser présente l'Indice de générosité comme dernier résultat. Il s'agit d'un calcul qui indique les efforts de générosité des individus, considérant les déductions fiscales disponibles. Ici aussi, le Québec se démarque par sa faible générosité : 59e sur 64 États et provinces.

L'institut Fraser dans son document ne produit aucune analyse de type socio-économique concernant les résultats. Cependant, elle cite, en note de bas de page, une étude de Lamman et Gabler (2012) concernant les déterminants qui influencent les niveaux de charité monétaire : niveau de revenu disponible des contribuables, taux d'imposition et taxe, disponibilité d'incitatifs fiscaux, nature des programmes sociaux, âge de la population, niveau d'éducation, degré de religiosité, tradition de bénévolat, etc.

Pourquoi cette faible générosité monétaire au Québec?

Feu Jean Lapierre disait souvent que les Québécois et les Québécoises avaient confondu le concept d'« État providence » avec celui de « Divine providence ». Autrement dit, les citoyens sont conditionnés depuis la Révolution tranquille à l'omniprésence de l'État du Québec dans la prise en charge de leur vie. Tant et si bien que les citoyens du Québec se préoccuperaient moins en proportion des « autres », assumant que l'État s'en chargera. D'ailleurs, c'est un réflexe naturel au Québec, à chaque problème, on demande à l'État de nous compenser. Le corollaire de tout ceci, ce sont des taux d'imposition élevés avec donc, des revenus disponibles moins élevés au Québec, dans un contexte de revenu de travail en moyenne plus bas que ceux de l'ensemble canadien. En conséquence, nous sommes devenus des citoyens vieillissants moins généreux.

Ceci étant, pour le reste, pour répondre à la question pour savoir si le Québec est moins généreux en terme monétaire que ses voisins, cela demanderait une étude économique et sociologique plus poussée, qui sort du cadre de ce billet.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com



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