Il
faut prendre le titre de ce billet au second degré, sous son angle
sarcastique, puisque plusieurs, en privé et surtout en public,
tirent à boulets rouges sur le Parti Québécois et son chef,
Jean-François Lisée. Y'a qu'à consulter les médias pour le
constater. Ce n'est donc pas la fête au Parti Québécois et à
moins de 12 mois des élections au Québec, somme-nous sur le
point d'assister à un autre rodéo du sport préféré de cette
formation politique : la chasse au chef?
Le
problème, c'est qu'à force de se comporter comme une mante
religieuse, le Parti Québécois commence à avoir épuisé son
bassin de sauveur. Avouons qu'être chef du « Péquiyou »
comme l'appelait feu Maurice Bellemare (1912-1989), un ex-Union
nationale tombé dans l'oubli, c'est depuis René Lévesque son
premier chef, un sport très dangereux.
Parlez-en
à Lucien Bouchard, chef honni de la chapelle péquiste, celui qui de
tous les leaders souverainistes a amené le peuple du Québec le plus près
de vivre le Grand soir. C'est Lucien Bouchard comme chef du Parti
Québécois qui a le mieux saisi l'âme des Québécois et des
Québécoises, en comprenant avant tous les péquistes et autres
indépendantistes, que les conditions gagnantes n'étaient pas
réunies. Comme le disait à l'époque mon ex-beau-frère :
« Ventre plein ne se révolte pas ». Depuis
ce temps, le Québec francophone a pris de plus de place dans
l'espace canadien et dans l'univers. Ce qui fait que les urgences
de l'époque sont devenues les banalités du moment. La récente
saga au magasin Adidas de Montréal où le gérant francophone
de l'établissement à littéralement vomi sur sa langue maternelle
en public, n'en est qu'une expression parmi d'autres. Ce qui ferait
probablement dire à Lucien Bouchard: « Les conditions
gagnantes ne seront peut-être jamais plus réunies. Le Québec est
rendu ailleurs. » La grande question, c'est de savoir où?
En
attendant, le Parti Québécois se cherche tout simplement une raison
d'être avant de même commencer à regarder pour son avenir.
L'urgence du « Maître chez nous » de Jean Lesage
est terminée, nous sommes les maîtres chez-nous en nous accommodant
des Justin Trudeau de ce monde, comme un mal nécessaire. La
grande majorité des Québécois et des Québécoises ne se sentent
pas réellement canadiens, mais comme avec les invasions barbares,
nous avons perdu de vue les visages de l'envahisseur pour les
avantages de la modernité. Tel est le grand défi du Parti
Québécois : diaboliser l'autre quand les
sirènes de la facilité annoncent des jours et des
lendemains verdoyants.
Comme
le disait un de mes anciens professeurs: « Une
révolution, c'est 2 choses : une rupture et une promesse de
lendemains meilleurs ». La souveraineté, c'est la
rupture. Pour ce qui est des « lendemains meilleurs »,
peu y croit et il est toujours plus facile de se faire peur, ne
serait-ce que par simple application du principe de précaution.
Bref, avec la modernité, le Québec a gagné le matérialisme des
télévisions HD, du cloud, des escapades à Cuba, des broches
pour les enfants, etc. Aurait-on mieux dans le "monde" du Parti
Québécois qu'il est lui-même incapable de définir? Le peuple en
doute et même lui n'y croit pas. D'ailleurs, n'aillons pas peur de
le dire, ses militants sont vieux et fatigués; et avec l'âge on le
sait, la capacité d'imaginer et la force de changer le monde
diminuent.
La
fête au Parti Québécois est malheurement terminée. Sa mort, comme
celle jadis de l'Union nationale est maintenant programmée. Il ne
reste qu'à écrire la chronique nécrologique de ce qui fut une très
belle aventure. En fait, c'est comme l'après-funérailles :
« Les parents et amis sont invités à venir partager un
buffet où tous se remémoreront de beaux moments ».
Je
sais, la mort du Parti Québécois comme celle de la CAQ ont été
annoncées à plusieurs reprises. C'est comme le Canadien de
Montréal, voilà 10 jours, il était fini et Bergevin devait être
brûlé sur la place publique. Le problème, c'est que Jean-François
Lisée n'est pas Carey Price.
Jocelyn
Daneau, jocelyndaneau@gmail.com
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