mardi 5 décembre 2017

C'est la fête du Parti québécois


Il faut prendre le titre de ce billet au second degré, sous son angle sarcastique, puisque plusieurs, en privé et surtout en public, tirent à boulets rouges sur le Parti Québécois et son chef, Jean-François Lisée. Y'a qu'à consulter les médias pour le constater. Ce n'est donc pas la fête au Parti Québécois et à moins de 12 mois des élections au Québec, somme-nous sur le point d'assister à un autre rodéo du sport préféré de cette formation politique : la chasse au chef?

Le problème, c'est qu'à force de se comporter comme une mante religieuse, le Parti Québécois commence à avoir épuisé son bassin de sauveur. Avouons qu'être chef du « Péquiyou » comme l'appelait feu Maurice Bellemare (1912-1989), un ex-Union nationale tombé dans l'oubli, c'est depuis René Lévesque son premier chef, un sport très dangereux.

Parlez-en à Lucien Bouchard, chef honni de la chapelle péquiste, celui qui de tous les leaders souverainistes a amené le peuple du Québec le plus près de vivre le Grand soir. C'est Lucien Bouchard comme chef du Parti Québécois qui a le mieux saisi l'âme des Québécois et des Québécoises, en comprenant avant tous les péquistes et autres indépendantistes, que les conditions gagnantes n'étaient pas réunies. Comme le disait à l'époque mon ex-beau-frère : « Ventre plein ne se révolte pas ». Depuis ce temps, le Québec francophone a pris de plus de place dans l'espace canadien et dans l'univers. Ce qui fait que les urgences de l'époque sont devenues les banalités du moment. La récente saga au magasin Adidas de Montréal où le gérant francophone de l'établissement à littéralement vomi sur sa langue maternelle en public, n'en est qu'une expression parmi d'autres. Ce qui ferait probablement dire à Lucien Bouchard: « Les conditions gagnantes ne seront peut-être jamais plus réunies. Le Québec est rendu ailleurs. » La grande question, c'est de savoir où?

En attendant, le Parti Québécois se cherche tout simplement une raison d'être avant de même commencer à regarder pour son avenir. L'urgence du « Maître chez nous » de Jean Lesage est terminée, nous sommes les maîtres chez-nous en nous accommodant des Justin Trudeau de ce monde, comme un mal nécessaire. La grande majorité des Québécois et des Québécoises ne se sentent pas réellement canadiens, mais comme avec les invasions barbares, nous avons perdu de vue les visages de l'envahisseur pour les avantages de la modernité. Tel est le grand défi du Parti Québécois : diaboliser l'autre quand les sirènes de la facilité annoncent des jours et des lendemains verdoyants.

Comme le disait un de mes anciens professeurs: « Une révolution, c'est 2 choses : une rupture et une promesse de lendemains meilleurs ». La souveraineté, c'est la rupture. Pour ce qui est des « lendemains meilleurs », peu y croit et il est toujours plus facile de se faire peur, ne serait-ce que par simple application du principe de précaution. Bref, avec la modernité, le Québec a gagné le matérialisme des télévisions HD, du cloud, des escapades à Cuba, des broches pour les enfants, etc. Aurait-on mieux dans le "monde" du Parti Québécois qu'il est lui-même incapable de définir? Le peuple en doute et même lui n'y croit pas. D'ailleurs, n'aillons pas peur de le dire, ses militants sont vieux et fatigués; et avec l'âge on le sait, la capacité d'imaginer et la force de changer le monde diminuent.

La fête au Parti Québécois est malheurement terminée. Sa mort, comme celle jadis de l'Union nationale est maintenant programmée. Il ne reste qu'à écrire la chronique nécrologique de ce qui fut une très belle aventure. En fait, c'est comme l'après-funérailles : « Les parents et amis sont invités à venir partager un buffet où tous se remémoreront de beaux moments ».

Je sais, la mort du Parti Québécois comme celle de la CAQ ont été annoncées à plusieurs reprises. C'est comme le Canadien de Montréal, voilà 10 jours, il était fini et Bergevin devait être brûlé sur la place publique. Le problème, c'est que Jean-François Lisée n'est pas Carey Price.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Alexandre Bissonnette - Qu'on passe à autre chose

Encore ce matin dans les médias, on nous sert du Alexandre Bissonnette.  V ous savez, le jeune tueur menteur et narci...