Source : Assemblée nationale du Québec
On
le sait, Gaétan Barette, ministre de la Santé et des Services
sociaux n'a pas la réputation de faire dans la dentelle. Nous sommes
loin du bon docteur Marcus Welby de la série télévisée du même
nom dans les années 70. Tellement, que récemment dans La
Presse +, on y faisait à l'aide de plusieurs témoignages, un
déballage en règle des problèmes aigus de comportement de Gaétan
Barette, dans l'exercice de son rôle de ministre; comportements à
ce que l'on comprend, qui ne sont pas récents et donc imposés par
son action au Gouvernement du Québec. Gaétan Barette est et était ce qu'il est, bien avant
même de devenir un personnage public.
Résumons
la prose médiatique, surtout celle des derniers jours : se
mettre, même sans s'en apercevoir, même partiellement et
minimalement, dans le chemin de Gaétan Barette, c'est s'exposer sans
explication à subir de sa part, les pires insultes. C'est aussi se
mettre à risque qu'il utilise son influence et surtout son pouvoir
pour vous nuire, souvent de façon disproportionnée par rapport à
la cause de son courroux. Même son propre patron, un autre bon
docteur, Couillard celui-là, semble en avoir peur. C'est tout dire.
Bref, de Hannibal Lecter à Gaétan Barette aux Borgia et Séraphin
Poudrier, il n'y a qu'un pas.
En
bout de piste, pour la majorité des gens qui ne le connaissent pas
dans l'intimité, Gaétan Barette apparaît comme un personnage
hautement antipathique qu'il faut éviter. Ce que l'on comprend,
c'est que le bon docteur est dangereux à côtoyer. Vu d'ici, de la
lorgnette du citoyen ordinaire, cela fait bien du sens. Mais
devons-nous nous limiter aux apparences? À ce que nous voyons au
premier degré?
On
le sait, l'Homme (ou la Femme) se révèle souvent selon les
circonstances et le contexte. L'exemple classique est celui du
général de Gaulle, de simple général intérimaire au début de la
Seconde guerre mondiale en 1939-1940, il était président de la
France à la Libération en août 1944.
Le
contexte de Gaétan Barette, c'était l'amélioration
du système de santé au Québec : un médecin de famille pour
chaque citoyen, la réduction du temps d'attente en chirurgie, le
nombre de bains en CHSLD, etc. Tous les Québécois et les
Québécoises connaissent par coeur la chanson, comme étant la
réalisation du rêve impossible qu'elle transporte.
Le
hic dans l'affaire, c'est que Philippe Couillard a présenté la
venue de Gaétan Barette comme ministre de la Santé sous l'angle de
l'amélioration, mais que ce dernier a compris et entrepris son
mandat sous celui de la réingénierie de l'intégralité du réseau
de la santé. La où l'amélioration est de faire mieux sans douleur
et graduellement, la réingénierie est une remise à plat totale des
façons de faire, sans égard à ce qui est déjà en place, y
incluant les humains.
À
chaque fois que j'entends Gaétan Barette, il me revient en mémoire
une citation de feu Michael Hammer, le père du concept de
réingénierie des processus de travail et professeur au
Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il est l'auteur
avec James Champy du livre qui a marqué toute une génération de
gestionnaire : Reengineering the Corporation : A Manifesto
for Business Revolution (1993). M. Hammer déclarait en 1993 dans la
revue Fortune : « Pour avoir du succès en réingénierie
des processus de travail, vous devez avoir une âme de missionnaire,
être motivateur et ne pas avoir peur de briser des jambes. »
Ce
que l'on peut voir de Gaétan Barette, c'est qu'il est dédié à sa
tâche sans aucun compromis. Par contre, il semble y avoir unanimité,
il n'est ni motivateur ni rassembleur. Enfin, pour ce qui est de
briser des jambes, il semble être un champion.
En
conclusion, si Michael Hammer analysait le rôle de Gaétant Barette
comme ministre de la Santé, il dirait : « Il y a un
profond déséquilibre dans l'adéquation personne-poste ». Mais
Gaétan Barette pourrait rajouter: « What you see is what you
get » - Ce que vous voyez, c'est ce que vous allez obtenir.
À
la veille des élections de 2018 au Québec, est-ce que le réseau de
la Santé avec Gaétan Barette à sa tête, est mieux et meilleur
qu'il était? C'est sûrement une question que l'actualité abordera
au cours des prochains mois.
Jocelyn
Daneau, jocelyndaneau@gmail.com
Suggestion
de lecture : Quand
les pratiques de gestion mènent au désespoir,
La Presse+, 10
décembre 2017
Aucun commentaire:
Publier un commentaire