dimanche 10 décembre 2017

À propos du "bon" docteur Barette

Source : Assemblée nationale du Québec
On le sait, Gaétan Barette, ministre de la Santé et des Services sociaux n'a pas la réputation de faire dans la dentelle. Nous sommes loin du bon docteur Marcus Welby de la série télévisée du même nom dans les années 70. Tellement, que récemment dans La Presse +, on y faisait à l'aide de plusieurs témoignages, un déballage en règle des problèmes aigus de comportement de Gaétan Barette, dans l'exercice de son rôle de ministre; comportements à ce que l'on comprend, qui ne sont pas récents et donc imposés par son action au Gouvernement du Québec. Gaétan Barette est et était ce qu'il est, bien avant même de devenir un personnage public.

Résumons la prose médiatique, surtout celle des derniers jours : se mettre, même sans s'en apercevoir, même partiellement et minimalement, dans le chemin de Gaétan Barette, c'est s'exposer sans explication à subir de sa part, les pires insultes. C'est aussi se mettre à risque qu'il utilise son influence et surtout son pouvoir pour vous nuire, souvent de façon disproportionnée par rapport à la cause de son courroux. Même son propre patron, un autre bon docteur, Couillard celui-là, semble en avoir peur. C'est tout dire. Bref, de Hannibal Lecter à Gaétan Barette aux Borgia et Séraphin Poudrier, il n'y a qu'un pas.

En bout de piste, pour la majorité des gens qui ne le connaissent pas dans l'intimité, Gaétan Barette apparaît comme un personnage hautement antipathique qu'il faut éviter. Ce que l'on comprend, c'est que le bon docteur est dangereux à côtoyer. Vu d'ici, de la lorgnette du citoyen ordinaire, cela fait bien du sens. Mais devons-nous nous limiter aux apparences? À ce que nous voyons au premier degré?

On le sait, l'Homme (ou la Femme) se révèle souvent selon les circonstances et le contexte. L'exemple classique est celui du général de Gaulle, de simple général intérimaire au début de la Seconde guerre mondiale en 1939-1940, il était président de la France à la Libération en août 1944.

Le contexte de Gaétan Barette, c'était l'amélioration du système de santé au Québec : un médecin de famille pour chaque citoyen, la réduction du temps d'attente en chirurgie, le nombre de bains en CHSLD, etc. Tous les Québécois et les Québécoises connaissent par coeur la chanson, comme étant la réalisation du rêve impossible qu'elle transporte.

Le hic dans l'affaire, c'est que Philippe Couillard a présenté la venue de Gaétan Barette comme ministre de la Santé sous l'angle de l'amélioration, mais que ce dernier a compris et entrepris son mandat sous celui de la réingénierie de l'intégralité du réseau de la santé. La où l'amélioration est de faire mieux sans douleur et graduellement, la réingénierie est une remise à plat totale des façons de faire, sans égard à ce qui est déjà en place, y incluant les humains.

À chaque fois que j'entends Gaétan Barette, il me revient en mémoire une citation de feu Michael Hammer, le père du concept de réingénierie des processus de travail et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il est l'auteur avec James Champy du livre qui a marqué toute une génération de gestionnaire : Reengineering the Corporation : A Manifesto for Business Revolution (1993). M. Hammer déclarait en 1993 dans la revue Fortune : « Pour avoir du succès en réingénierie des processus de travail, vous devez avoir une âme de missionnaire, être motivateur et ne pas avoir peur de briser des jambes. »

Ce que l'on peut voir de Gaétan Barette, c'est qu'il est dédié à sa tâche sans aucun compromis. Par contre, il semble y avoir unanimité, il n'est ni motivateur ni rassembleur. Enfin, pour ce qui est de briser des jambes, il semble être un champion.

En conclusion, si Michael Hammer analysait le rôle de Gaétant Barette comme ministre de la Santé, il dirait : « Il y a un profond déséquilibre dans l'adéquation personne-poste ». Mais Gaétan Barette pourrait rajouter: « What you see is what you get » - Ce que vous voyez, c'est ce que vous allez obtenir.

À la veille des élections de 2018 au Québec, est-ce que le réseau de la Santé avec Gaétan Barette à sa tête, est mieux et meilleur qu'il était? C'est sûrement une question que l'actualité abordera au cours des prochains mois.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

Suggestion de lecture : Quand les pratiques de gestion mènent au désespoir, La Presse+, 10 décembre 2017

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