Est-ce
que Tout le monde en parle, un des grands succès de
notre télévision francophone ici au Québec, en onde depuis le 12
septembre 2004, est
en perte de vitesse?
En
septembre 2009, là où les données gratuites de Numéris
nous permettent de remonter, TLMEP était classé au 4e
rang sur les 30 émissions francophones les plus regardées avec
1 203 000 téléspectateurs à la minute. Au dernier
relevé, 30
octobre 2017, TLMEP récolte 890 000 T/M pour une 14e
place sur 30. Indéniablement, il
y a perte de vitesse de TLMEP
après plus d'une dizaine d'années à occuper nos dimanches soirs.
Quelles
sont les
raisons de cette désaffectation du public québécois francophone?
Certes, l'usure du temps y est pour
quelque chose, considérant que l'original
français avec Thierry Ardisson, a duré 8 saisons, de septembre
1998 à juillet 2006. Certes aussi, son animateur vedette Guy A.
Lepage, s'est fait des ennemis en cours de route, quelques fois par
jalousie; d'autres fois à cause de son style prétentieux et
heurtant, dénoncé
notamment par
un
Richard
Martineau,
chroniqueur
à
la langue bien acérée au
Journal de Montréal, qui
en
est le porte-étendard dénonciateur
le plus tonitruant,
mais sûrement pas le porte-parole.
Personnellement,
je n'ai jamais réellement été un « fanne »
TLMEP. Je préfère nettement une bonne « game »
de football américain ou le film que je n'ai toujours pas vu, mais
que tout le monde a visionné depuis au moins 12 mois. Pourquoi TLMEP
me « tape
sur le système »?
Selon
le site internet de TLMEP, le concept de l'émission « est
un carrefour unique de discussions
».
C'est à
la fois vrai et faux. Vrai parce que TLMEP est un concept généraliste
de « talk-show ».
Faux parce que l'émission
est préenregistrée le jeudi soir et ensuite montée selon les
désidératas de Guy A. C'est son droit et celui de Radio-Canada,
mais ne venons pas nous faire avaler la liberté d'expression et
la pluralité des opinions.
On
le sait et le cas Guy Nantel, invité
par la porte d'en arrière sous
pression populaire,
vient de nous le démontrer une
fois de plus. Il
faut montrer patte blanche devant le roi Guy A. pour paraître à
TLMEP.
Et
cela indispose de plus en plus de téléspectateurs qui se tournent
alors vers des concurrents de choix comme La Voix.
À
mon
sens, TLMEP est un excellent
« talk-show »
mais on s'y comporte souvent
comme
une sorte de tribunal populaire du dimanche soir, avec Guy A. comme
juge et son sbire Dany Turcotte dans le rôle d'assesseur. C'est
bon pour le populisme, mais malsain pour la confiance des citoyens
dans leurs institutions. En fait, ce volet de
procès-spectacle ne fait que miner la crédibilité du système
judiciaire québécois, qui on le sait, possède déjà une capacité
infinie à s'autopelure de bananiser. Le
problème, c'est qu'une grande majorité de nos politiciens, adeptes
eux aussi de la politique spectacle, se fendent en quatre pour aller
s'incliner devant le roi Guy A. et ses cotes d'écoute. On nivelle
par le bas par circularité.
Autre
aspect qui m'énerve
de TLMEP comme carrefour
unique de discussion,
c'est que tout un chacun parmi les invités se positionne souvent
en
expert du dernier sujet de
société
« hot »
(ex. :
Rambo Gauthier).
En
parallèle, lorsqu'un véritable spécialiste d'un sujet se pointe,
le tout est traité avec légèreté avec en prime, les « jokes »
souvent inappropriées du Fou du roi. Je me souviens encore du
passage du commandant Robert Piché et de l'inconfort que lui
procuraient les commentaires déplacés de Dany Turcotte. De même,
j'ai toujours un malaise lorsque les politiciens les plus en vue
(ex. : Gaétan Barette) ou les premiers ministres eux-mêmes se
servent de TLMEP pour venir présenter des politiques
gouvernementales ou justifier des positions. Philippe
Couillard devrait se garder de la gène, mais on ne peut s'attendre
de la même chose de Justin Trudeau, le roi du selfie.
Bref,
je suis toujours mal à l'aise de voir que des enjeux de société
sont traités avec la légèreté de TLMEP et les biais induits par
les comportements royaux de Guy A. Lepage.
À
contrario, TLMEP est peut-être le seul endroit où démocratiquement,
malgré tous les défauts de la formule, les citoyens et les
citoyennes peuvent être amenés à réfléchir sur les enjeux de
société. Philippe
Couillard pourrait même renchérir en disant que TLMEP est le
meilleur moyen, gratos, pour rejoindre un maximum de citoyens dans le
confort de leur salon, sans être zappé comme une annonce de savon à
lessive. Bref,
TLMEP,
ce
n'est pas l'idéal, mais c'est mieux que rien; au risque de voir un
bon Jack
(ex. : feu Jack Layton) profité de TLMEP pour se doter d'une
crédibilité instantanée.
En
bout de piste, je l'avoue, quelques fois je zappe vers TLMEP et souvent
je m'accroche les pieds pour écouter ce qui se dit. C'est
comme une relation d'amour-haine.
Jocelyn
Daneau
Aucun commentaire:
Publier un commentaire