dimanche 19 novembre 2017

Ma relation amour-haine avec TLMEP

Est-ce que Tout le monde en parle, un des grands succès de notre télévision francophone ici au Québec, en onde depuis le 12 septembre 2004, est en perte de vitesse?

En septembre 2009, là où les données gratuites de Numéris nous permettent de remonter, TLMEP était classé au 4e rang sur les 30 émissions francophones les plus regardées avec 1 203 000 téléspectateurs à la minute. Au dernier relevé, 30 octobre 2017, TLMEP récolte 890 000 T/M pour une 14e place sur 30. Indéniablement, il y a perte de vitesse de TLMEP après plus d'une dizaine d'années à occuper nos dimanches soirs.

Quelles sont les raisons de cette désaffectation du public québécois francophone? Certes, l'usure du temps y est pour quelque chose, considérant que l'original français avec Thierry Ardisson, a duré 8 saisons, de septembre 1998 à juillet 2006. Certes aussi, son animateur vedette Guy A. Lepage, s'est fait des ennemis en cours de route, quelques fois par jalousie; d'autres fois à cause de son style prétentieux et heurtant, dénoncé notamment par un Richard Martineau, chroniqueur à la langue bien acérée au Journal de Montréal, qui en est le porte-étendard dénonciateur le plus tonitruant, mais sûrement pas le porte-parole.

Personnellement, je n'ai jamais réellement été un « fanne » TLMEP. Je préfère nettement une bonne « game » de football américain ou le film que je n'ai toujours pas vu, mais que tout le monde a visionné depuis au moins 12 mois. Pourquoi TLMEP me « tape sur le système »?

Selon le site internet de TLMEP, le concept de l'émission « est un carrefour unique de discussions ». C'est à la fois vrai et faux. Vrai parce que TLMEP est un concept généraliste de « talk-show ». Faux parce que l'émission est préenregistrée le jeudi soir et ensuite montée selon les désidératas de Guy A. C'est son droit et celui de Radio-Canada, mais ne venons pas nous faire avaler la liberté d'expression et la pluralité des opinions. On le sait et le cas Guy Nantel, invité par la porte d'en arrière sous pression populaire, vient de nous le démontrer une fois de plus. Il faut montrer patte blanche devant le roi Guy A. pour paraître à TLMEP. Et cela indispose de plus en plus de téléspectateurs qui se tournent alors vers des concurrents de choix comme La Voix.

À mon sens, TLMEP est un excellent « talk-show » mais on s'y comporte souvent comme une sorte de tribunal populaire du dimanche soir, avec Guy A. comme juge et son sbire Dany Turcotte dans le rôle d'assesseur. C'est bon pour le populisme, mais malsain pour la confiance des citoyens dans leurs institutions. En fait, ce volet de procès-spectacle ne fait que miner la crédibilité du système judiciaire québécois, qui on le sait, possède déjà une capacité infinie à s'autopelure de bananiser. Le problème, c'est qu'une grande majorité de nos politiciens, adeptes eux aussi de la politique spectacle, se fendent en quatre pour aller s'incliner devant le roi Guy A. et ses cotes d'écoute. On nivelle par le bas par circularité.

Autre aspect qui m'énerve de TLMEP comme carrefour unique de discussion, c'est que tout un chacun parmi les invités se positionne souvent en expert du dernier sujet de société « hot » (ex. : Rambo Gauthier). En parallèle, lorsqu'un véritable spécialiste d'un sujet se pointe, le tout est traité avec légèreté avec en prime, les « jokes » souvent inappropriées du Fou du roi. Je me souviens encore du passage du commandant Robert Piché et de l'inconfort que lui procuraient les commentaires déplacés de Dany Turcotte. De même, j'ai toujours un malaise lorsque les politiciens les plus en vue (ex. : Gaétan Barette) ou les premiers ministres eux-mêmes se servent de TLMEP pour venir présenter des politiques gouvernementales ou justifier des positions. Philippe Couillard devrait se garder de la gène, mais on ne peut s'attendre de la même chose de Justin Trudeau, le roi du selfie. Bref, je suis toujours mal à l'aise de voir que des enjeux de société sont traités avec la légèreté de TLMEP et les biais induits par les comportements royaux de Guy A. Lepage.

À contrario, TLMEP est peut-être le seul endroit où démocratiquement, malgré tous les défauts de la formule, les citoyens et les citoyennes peuvent être amenés à réfléchir sur les enjeux de société. Philippe Couillard pourrait même renchérir en disant que TLMEP est le meilleur moyen, gratos, pour rejoindre un maximum de citoyens dans le confort de leur salon, sans être zappé comme une annonce de savon à lessive. Bref, TLMEP, ce n'est pas l'idéal, mais c'est mieux que rien; au risque de voir un bon Jack (ex. : feu Jack Layton) profité de TLMEP pour se doter d'une crédibilité instantanée.

En bout de piste, je l'avoue, quelques fois je zappe vers TLMEP et souvent je m'accroche les pieds pour écouter ce qui se dit. C'est comme une relation d'amour-haine.

Jocelyn Daneau





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