dimanche 26 novembre 2017

En route pour 2045 et au-delà

« On a des réserves de fer qui nous assurent de rester en activité jusqu’en 2045 ». C'était dans La Presse + du 21 novembre 2017. Dans le cahier Affaires, un certain Pierre Lapointe, PDG d’ArcelorMittal Exploration minière Canada, connais pas, mais assez connu pour faire une Grande entrevue. C'est le 2045 qui m'a sauté au visage. Je ne serai peut-être plus là et si je n'y suis plus, je saurai au moins où je serai, mais sans le savoir. Notez que je suis déjà propriétaire d'un terrain dans un cimetière, proche du fleuve Saint-Laurent; des préarrangements organisés voilà très longtemps, par obligation, pour cause de départ subit du paternel. Je sais déjà où je vais atterrir, le jour du Grand Jour. Jean Gabin dirait « Je sais qu'on ne sait jamais. Mais ça au moins, je le sais ».

Revenons à l'année 2045. Phénomène bizarre, on commence à discuter de date où je pourrais ne plus y être. Sensation particulière, genre malaise. Je me souviens, quelque part en 2010, je n'étais pas retraité à l'époque et on parlait au travail de la mise en service d'un équipement en 2017. M'envahissait alors, toujours, un drôle de sentiment : je contribuais à un processus décisionnel où je n'aurais pas à assumer la responsabilité du résultat final. C'était d'ailleurs un « running gag » de réunion de projet, pour picosser les jeunes alors présents : « Nous — les Boomers — on décide, vous — les jeunes — vous vous arrangerez pour faire arriver les choses et régler les problèmes. » En fait, passé 50 ans, on entre dans l'étape de notre vie des « dernières fois ». Genre, mon dernier « char », mon dernier voyage, ma dernière « job ». C'est comme ça, c'est la vie.

Pessimisme? Loin de là. Pour plusieurs, la vie commence à 55 ans, affranchie pour les plus chanceux du besoin de travailler, du moins à temps plein. Bon, c'est sûr. On espère que la maladie sous ses formes les plus infinies se tiendra loin, longtemps. Surtout que le tout influence de façon exponentielle, les primes d'assurance voyage. Perso, je me suis mis au jogging, j'avais 56 ans. Avant, je n'avais jamais couru « après grand-chose ». Maintenant, j'ai des problèmes musculaires aux jambes : prenez le temps de faire de l'exercice sinon, vous devrez en prendre plus tard pour être malade, c'est ce que j'ai lu un jour quelque part. Je songe même a retourner travailler, après une expérience malheureuse en politique municipale. C'est tout dire, ce que la vie peut te faire faire, moi qui avais pris ma retraite pour avoir du temps. C'est certain, je serai sélectif… les employeurs itou, on ne se fera pas d'illusion.

En fait, 55 ans et plus, n'est plus nécessairement la période des dernières, quoique la probabilité qu'il en soit ainsi augmente rapidement. La plus grande surprise de cette partie de la vie, ce n'est non pas la diminution de l'énergie vitale, on s'y attend. Non, c'est sa diminution en escalier quand on aurait pensé, autre illusion, une baisse linéaire, graduelle, à son rythme. Non, bang, maintenant, pu et moins capable, tombes en bas des marches. C'est plate, mais c'est comme ça. Ce qui apparaissait auparavant comme une simple pente devient subitement une montagne. Mais bon, compensation, l'expérience, on ne patine plus pour rien, chaque coup de patin compte.

Comme le disait si bien l'écrivain Terry Pratchett (1948 – 2015) : « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé. »

Conclusion? La vie est courte, ce n'est pas un cliché, elle se raccourcit à la vitesse grand V avec le passage du temps. De là, l'idée de ne pas la gaspiller et surtout de ne pas mal vieillir. Soyez sélectif, n'emmerdez pas votre prochain avec vos bibittes. Respirez chaque jour à plein poumon en souriant, comme si c'était votre dernier souffle. Vous verrez, ça vous mènera loin et vous serez heureux. Surtout, dites-vous que l'argent perd de sa valeur chaque jour et qu'il ne vaut plus rien, le jour du Grand Jour.

J'oubliais. En 2045, j'ai l'intention d'être encore là. Voyez pourquoi …




Jocelyn Daneau

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