jeudi 21 décembre 2017

Salissage de réputation ou sonneur d'alerte : le cas Yves Francoeur

Si on résume l'histoire en se faisant aider de La Presse + du 20 décembre 2017 : « Le 27 avril en entrevue au 98,5, M. Yves Francoeur, président du syndicat des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait soutenu qu’un dossier d’enquête touchant deux élus libéraux avait été fermé prématurément à la suite de pressions politiques. Les concernés : Raymond Bachand, ex-ministre des Finances et Jean-Marc Fournier, actuel leader du gouvernement à l’Assemblée nationale. » Or, selon l'enquête conjointe de la SQ, de la GRC et de 3 corps de police municipaux, les propos de Y. Francoeur étaient totalement bidon.

Le problème, c'est que le mal est fait. Les réputations de messieurs Bachand et Fournier sont entachées à tout jamais et pour une certaine classe de la population, ils seront coupables à perpétuité. Ces derniers pourront à juste titre demander des excuses et les obtenir, mais une partie du chaudron va rester collée à tout jamais. Ils peuvent poursuivre, à leurs frais naturellement, un Yves Francoeur défendu, fait et cause, par son syndicat, cela sera pour les concernés une bien mince consolation. De plus, le retrait pur et simple d'Yves Francoeur de la scène publique sera une bien piètre consolation, même si c'est au minimum, la chose à faire.

Il y a aussi de nombreuses victimes collatérales dans ce dossier, à commencer par toute l'institution politique québécoise. Elle qui est souvent malmenée, elle devra passer au travers cette autre tempête, non méritée celle-là et garder le cap. Pour ce qui est des hommes et des femmes politiques, en particulier les membres du parti Libéral qui sont souvent accusés de tous les maux et de toutes les magouilles possibles, ils devront faire avec. C'est plate, mais c'est ainsi.

Il y a aussi l'ensemble des corps policiers y incluant l'UPAC avec en premier lieu, les policiers du SPVM qui ne peuvent définitivement plus être représentés par Yves Francoeur. On voit mal comment celui-ci dorénavant, pourrait prendre la parole publiquement. Bref, si ce n'est pas déjà fait, les policiers concernés doivent indiquer la porte à leur président. C'est leur crédibilité qui est en jeu. D'autant plus que le SPVM avec la mise au rancart récente et subite de Philippe Pichet comme chef de police, en a plein les bras pour améliorer sa crédibilité.

Par ailleurs, présentement, tant Yves Francoeur que Martin Prud'homme, chef par intérim du SPVM tentent de camoufler toute l'opération sous l'angle du droit au sonneur d'alarme. On comprend que ce dernier veut acheter une certaine paix à l'intérieur du SPVM, mais le propre d'un sonneur d'alarme n'est-il pas une discrétion totale ? Personne n'a obligé Yves Francoeur à parler à Paul Arcand, publiquement.

Yves Francoeur a commis une erreur de jugement majeur et il doit en assumer les conséquences. De par sa position comme policier au SPVM, il n'est pas un sonneur d'alerte. Mais il s'est lâchement caché derrière ce phénomène pour répandre son venin. Il ne peut simplement s'en laver les mains comme il semble vouloir le faire.


La question qui s'impose en bout de piste concerne les suites à donner à cette affaire. En principe, comme il s'agit d'individus (Messieurs Bachand et Fournier), on parle alors d'un potentiel de poursuites civiles, aux frais des concernés. Il n'y a pas de possibilités de poursuite criminelle et donc, la police ne transférera pas le dossier au Directeur des poursuites criminelles et pénales du Québec. Il y a ici une forme d'injustice à savoir que le détenteur d'une charge publique et donc, d'une voix publique peut « garrocher de la m... » à tout vent, avec l'aide des mécanismes de l'État, sans en encourir aucun préjudice, sauf naturellement pour sa propre réputation.

En ce sens, dans les circonstances, c'est à l'État de prendre en charge l'ensemble des frais afférents pour que messieurs Bachand et Fournier obtiennent réparation. Il n'y a pas de doute dans mon esprit, au-delà de son manque de jugement, Yves Francoeur jouait une « game » politique. Il faut donc que l'État aille au bout de sa logique après avoir mis la police au dossier pour y voir clair. Certes, la police a principalement fait porter son enquête sur le processus démocratique derrière la supposée décision ayant mené à la dénonciation d'Yves Francoeur, en se souciant peu de la réputation de messieurs Bachand et Fournier. Mais dans les circonstances, pour cause de politicaillerie, l'État doit aller au bout de l'histoire pour éviter que de nouveau, on attaque gratuitement nos institutions démocratiques par le biais des élus.

Le moyen des sonneurs d'alerte ne doit pas servir à un "politique" de mécanisme institutionnel pour assouvir sa vengeance, nuire à un citoyen ou pour se débarrasser d'un adversaire politique.

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

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